mardi 13 juillet 2010

Haïti : 6 mois plus tard

Plus de 6 mois après le séisme du 12 janvier, la Croix-Rouge constate que la situation en Haïti est plus critique que jamais. Le retardement du plan de reconstruction et des millions promis par plusieurs pays entraine un débordement des tâches des organismes humanitaires. L’enlèvement des débris, 25 fois supérieurs à ceux du 11 septembre 2001, ne devrait pas être attitré aux agences humanitaires. Cependant, tel que l’explique M. Jean-Pierre Taschereau, gestionnaire principal des Interventions d’urgence de la Croix-Rouge « la densité de la population et le manque d’espace à cause de la lenteur des travaux d’enlèvement de débris » posent un problème aux agences internationales. Malgré cet urgent problème qui nuit à l’apport des besoins de bases, M. Taschereau affirme qu’on ne voit pas de machinerie lourde à Port-au-Prince.

Le P. Gasner Joint, Provincial d’Haïti, reconnaît aussi que la situation est vraiment critique pour le peuple qui est encore dans les rues, sous les tentes, au gré des intempéries. Comme l’explique le P. Gasner Joint dans une lettre envoyée à l’Administration Générale le 14 juin dernier, « la plupart des camps à évacuer sont situés parfois dans les cours des établissements scolaires, parfois dans les cours des bâtiments de l’État, parfois sur des places publiques, etc. On peut comprendre les implications sociales et politiques de cette conjoncture… » De son côté, avec la saison des ouragans qui approche, la Croix-Rouge a comme priorité la distribution d’abris résistants à 7500 familles de Jacmel et Léogâne.

La lettre du Provincial démontre également que pour les Oblats d’Haïti, la situation s’améliore et les activités reprennent. « De notre point de vue Oblat, je peux dire que nous maîtrisons la situation, grâce au sens de responsabilité et à l’implication de tous les confrères, joints au généreux support reçu de toutes les autres provinces, missions et délégations de la Congrégation, ainsi qu’à l’appui de plusieurs organismes de bienfaisance oblats ou autres et de bienfaiteurs particuliers. »
P. Joint décrit la situation organisationnelle des Oblats depuis la perte des infrastructures oblates de Port-au-Prince :
« À Port-au-Prince, la situation évolue tranquillement pour nous. Les scolastiques sont repartis vers les paroisses en provinces, après avoir été rassemblés au mois d’avril à Port-au-Prince pour boucler le programme académique du premier semestre à Lilavois, sur le même site que le Grand Séminaire diocésain, site que la Conférence Épiscopale partage avec les Missionnaires Scalabriniens. Ils ont été hébergés sous des tentes dans la cour du philosophat à Blanchard. Actuellement, nous entamons des travaux d’aménagement du philosophat et de l’ancien noviciat de Blanchard pour accueillir tous les scolastiques à partir de septembre prochain. »

L’aménagement du philosophat et de l’ancien noviciat de Blanchard sont deux projets qui ont été soumis au CMO et approuvés en juin dernier. Les fonds nécessaires au début des chantiers ont déjà été acheminés, et le CMO espère que cette contribution aidera à remettre les Oblats sur pied afin qu’ils poursuivent leur travail communautaire et l’accompagnement des victimes en besoin.
« Comme ancien membre de la maison provinciale, le Père Jean Pierre LOUBEAU est le seul stable à Port-au-Prince, s’occupant des fidèles sinistrés de la paroisse de Fond’Oies sur la route de Jacmel. Les responsables de Blanchard (PP. Joseph BONARD et Wilson EXANTUS) et de Sibert (PP. Jean François PRINTEMPS et Mario FANFAN) habitent en Plaine, à la sortie Nord de Port-au-Prince, une zone moins dévastée par le séisme, mais autant affectée par ses conséquences que tout le reste du pays. Les Pères Albert CATOR, Maxime EUGENE et moi-même faisons régulièrement le va-et-vient entre P-au-P et les Cayes, à cause des travaux à faire. Nous sommes les trois à vivre maintenant dans la très belle petite maison que nous avons louée aux Cayes pour héberger l’administration… Pour les reconstructions, nous voulions attendre que le gouvernement donne des orientations. Les directives tardant à venir, on voit de temps en temps des communautés religieuses ou d’autres institutions publiques faire appel à leurs propres spécialistes pour s’organiser ne serait-ce que de manière provisoire. Nous devrons peut-être faire la même chose. »

Sources :
Lettre du P. Gasner joint, 14 juin 2010,
http://www.omiworld.org/
Lefebvre, Sarah-Maude. « Haïti : la Croiz-Rouge ne suffit plus », 24H Montréal. 8 juillet 2010