vendredi 7 mai 2010

De Jérusalem à Compostelle… jusqu’au Québec




Du 9 au 31 mai prochain, le Québec aura le privilège d’accueillir Richard Bois et Mahdi Alioui, deux des trois Marcheurs de la Paix. Ces trois hommes, de générations et religions différentes, ont entrepris un pèlerinage à partir de Jérusalem le 4 octobre 2003, durant lequel ils ont parcouru 11,000 km à pied. Leur arrivée à Saint-Jacques de Compostelle, le 9 août 2005, marqua deux grands exploits : c’était la première fois qu’on entreprenait le pèlerinage de Jérusalem à Compostelle en une seule fois, et c’était aussi la première fois qu’un juif, un musulman, et un chrétien marchaient ensemble pour la Paix.

Lorsqu’il raconte son objectif personnel dans ce projet, Richard mentionne qu’il avait déjà marché de Toulouse à Compostelle en 2000, et sentait que son chemin n’était pas terminé. Ce qui l’a motivé à refaire ce pèlerinage, accompagné de deux autres hommes, est avant tout l’espoir en un monde de Paix. « Je suis conscient que je vis dans un monde qui va mal. Je suis conscient que je vis dans un monde où les gens sont en quête de sens, de spiritualité. Je crois qu’il faut ramener l’humain au centre; ce n’est pas la religion qui fait l’homme. Quand un enfant sort du ventre de sa mère, avant d’être chrétien, musulman, juif, bouddhiste ou athée, c’est d’abord un être humain qui vient au monde. Pour moi, c’est la première considération qui doit compter dans la rencontre entre deux êtres.»

Avant d’entreprendre leur chemin, Richard et Mahdi sont partis de France ensemble, à la recherche d’un troisième marcheur. C’est à Jérusalem qu’ils ont rencontré Yoann Dobensky, un jeune homme de 26 ans. « C’est une personne exceptionnelle qui fait preuve d’une grande ouverture, » explique Richard. « Mahdi aussi est un être exceptionnel. Tous les gens qui le rencontrent sont époustouflés; c’est un être de lumière. »

Les marcheurs ont traversé 15 pays en 22 mois, durant lesquels ils ont donné 117 conférences dans des collèges, écoles, et universités. À la fin des conférences, ils mettaient le public en contact avec des jeunes de la France afin de créer un réseau d’échange et d’ouverture entre plusieurs pays. Initialement, le projet s’intitulait «Marche ensemble »; Richard, Mahdi, et Yoann furent baptisés les Marcheurs de la Paix par un inconnu qui, touché par leur geste de solidarité humaine, les a surnommés ainsi dans un message qu’il a laissé sur leur site web.

« Nous nous sommes aperçus au cours de notre marche, et je parle de tous les peuples des pays que nous avons traversés en 22 mois, qu’il y a un désir de spiritualité, un désir de sens, qui unit tous les peuples, » affirme Richard.

Richard explique avoir été profondément touché par l’hospitalité qu’ils ont reçu tout au long de leur pèlerinage. « Quand nous partions le matin, nous ne savions même pas où nous allions dormir. En 22 mois, nous avons dormi seulement trois fois à la belle étoile. Les autres nuits, nous avons été accueillis chez les gens. Je n’aurais jamais imaginé qu’il y avait tant d’Amour sur Terre. »

Depuis 2005, les marcheurs ont continué à donner des conférences dans plusieurs pays. Depuis 2008, ils partagent aussi le film de leur pèlerinage, et invitent ensuite le public à une discussion et échange ouverte, qui peut parfois durer quelques heures. « C’est un projet qui nous a complètement dépassé, qui ne nous appartient plus, et qui a pris une ampleur bien au-delà de nos attentes, » explique Richard.

À tous les ans depuis 2005, Richard part faire l’hospitalier à l’Abbaye de Conques, sur le chemin de Compostelle. «Je pars pendant un mois, pour rendre un peu de tout ce que j’ai reçu durant ma propre expérience, » dit-il. « Tous les 2 jours quand je suis là, je passe notre film pour les pèlerins de passage.»

L’année dernière, Nicole Aubry et Maurice Chiasson, un couple de Mascouche, ont fait la rencontre de Richard à l’Abbaye de Conques. « Le but de notre voyage était de marcher sur le chemin de Compostelle en France, » explique Nicole. « Nous avons rencontré plusieurs marcheurs de différentes nationalités, dont nous ne savions que le prénom et le pays d’où ils venaient. »

Richard se souvient que Nicole et Maurice avait été touchés par le film et l’histoire de son pèlerinage avec Mahdi et Yoann. « Une grande sympathie s’est installée entre nous. Nous avons beaucoup discuté, et ils m’ont même offert un livre avec une dédicace avant de continuer leur chemin, » raconte-t-il. « Quelques mois plus tard, j’ai reçu un courriel de Nicole qui me demandait si ça nous intéressait, Mahdi, Yoann et moi, de venir au Canada pour donner des conférences.»

« Nous avons décidé de les accueillir à la maison car cette histoire m’a touché par leur démarche, le fait que trois grandes religions de ce monde puissent faire un bout de chemin ensemble, » affirme Nicole, qui espère que les conférences de Richard et Mahdi pourront diffuser ce message de Paix parmi le peuple québécois, et démontrer que les gens, peu importe leur religion, peuvent s’entendre.

Richard, parlant aussi pour Mahdi et Yoann, partage cette même vision. « Un autre monde est possible, nous y croyons tous les trois. Nous ne pouvons plus reprendre la vie que nous avions avant, ce n’est pas possible. Nous ne pouvons plus voir le monde de la même manière et nous ne sommes plus les mêmes. De mon côté je ne peux plus penser en terme de frontières politiques. Pour moi, la Terre c’est UN beau pays. L’humain est merveilleux partout, il suffit d’aller à sa rencontre.»

Richard et Mahdi donneront leurs conférences à Montréal, Longueuil, Sherbrooke, Granby, Mascouche, Joliette, Québec et Gatineau. Pour plus d’information, veuillez visiter leur site web : http://jerusalemcompostelle.free.fr/


Catherine Duclos,

Agente de projets du CMO